Développement personnel, Méditation Poésie Réflexion, Religion catholique

Moi, me laver les pieds ?!

Comme souvent, je suis en avance sur mon temps ! En ce dimanche des rameaux, je n’ai pas acclamé un roi sur son âne, mais j’ai célébré le lavement des pieds !

Ne me demandez pas pourquoi, mais j’ai senti que c’était opportun de le faire aujourd’hui.

Vous risquez de me prendre pour une folle, mais je pense que tous ceux qui comme moi ont passé leur vie à prendre soin du corps et de la vie des autres, sans se préoccuper de leur propre corps ou de leur propre vie, me comprendront sûrement.

Ce que je vais vous livrer ici reste un dur apprentissage, et il n’est pas évident pour moi de vous le raconter alors que tant de mes amis et collègues soignants se donnent sans compter pour prendre soin de ceux atteints par le coronavirus, au risque d’être eux-mêmes contaminés, peut-être au prix de leur propre vie.

Seulement voilà, quoi que la vie me donne à vivre je suis là pour apprendre (et désapprendre), et je découvre que je dois accueillir mes faiblesses et ma fragilité, mon incapacité actuelle à pouvoir prendre soin des autres, parce ce que ma mission actuelle est de guérir de cette foutue dépression, et que personne d’autre que moi ne peut faire que je sorte de ce long tunnel.

Je voudrais tant par moment avoir quelqu’un d’extérieur à moi dont je serais tenue de m’occuper, et ne pas être obligée de me retrouver face à moi-même et à cette incapacité à prendre soin de moi, de mon apparence physique, de mon corps et de mon hygiène de vie…

Pourquoi est-ce que j’ai quasiment toujours trouvé l’énergie pour prendre soin de l’autre, pour répondre à son désir et à ses besoins, alors que dans le même temps je suis incapable de me donner cette même attention à moi-même, que je néglige et maltraite ce corps qui est pourtant cadeau pour ma vie, merveille de complexité et de technologie, d’adaptation et de vitalité !

La vie m’a rattrapée à mon propre jeu (je). J’ai passé des années à soigner l’autre, à me sentir indispensable, utile, reconnue, aimée et légitime à cause de tout ce que je donnais aux autres, grâce à ce que je faisais. Aussi parce ce que la douleur et la souffrance des autres me bouleversaient et me rejoignaient, et que je voulais les sauver. Parfois en dépit d’eux-mêmes, sans respecter leur liberté d’être fragiles et défaillants, sans respecter leur capacité à vouloir ou à pouvoir changer… ou pas!

J’ai mis du temps à me rendre compte qu’en soignant (soi-niant) c’est moi que je niais, moi que j’effaçais. Et alors que je l’avais compris mentalement, mon corps continuait à se nier et à ne pas prendre soin de lui-même, à ne pas respecter ses limites… Je me croyais forte et invincible…

Et puis je suis arrivée au bout de mes limites, et tout a basculé… un matin je suis devenue incapable de continuer à avancer, de prendre soin de qui que ce soit, ni des autres, ni de moi.

Quelle claque et quelle humiliation, quelle déception et quelle frustration…

Jusqu’au jour où j’ai commencé à comprendre vraiment l’importance de prendre soin de moi (et à découvrir comment le mettre en œuvre) ; à comprendre la nécessité de m’accueillir en profondeur, l’importance de choisir de m’aimer telle que je suis, totalement imparfaite mais aimable inconditionnellement, légitime d’être en vie, sans être obligée de faire quoi que ce soit pour mériter d’exister et d’être aimée…

Le chemin n’est pas encore tout à fait abouti puisqu’en vous écrivant ces mots je ressens mon corps qui se rétracte, ma gorge qui se noue et l’émotion qui m’envahit… comme si c’était encore impossible à admettre pour une infime partie de moi.

Tant de culpabilité encore à oser penser que je suis un être aimable, digne, avec de la valeur, et que je mérite de prendre soin de moi, de me préserver et de m’honorer, de me manifester du respect, au même titre que je le fais pour ceux que j’aime et qui comptent pour moi.

Il n’y a personne d’autre qui peut faire cela à ma place, prendre le temps de m’agenouiller devant moi, de tremper mes pieds dans la bassine pour nettoyer la crasse du chemin, ramollir la corne de toutes ces heures à crapahuter sans savoir où j’allais, perdue comme une âme errante dans les ornières et les embûches de la vie, où si souvent j’ai chuté et me suis écorchée ; nettoyer les peaux mortes devenues inutiles, poncer pour retrouver la souplesse et la vitalité de ma peau, permettre à la crème d’hydrater mon épiderme. Oser faire le cadeau à la peau de mes pieds, de redevenir douce et tendre comme celle d’un bébé, d’un enfant innocent !

Je suis adulte, et plus personne ne peux prendre soin de moi à ma place, me dire quand me laver, quand m’habiller, quand aller me coucher et quoi manger pour être en bonne santé.

Ce corps il m’a été donné pour que je l’habite, et qu’à travers lui je communique avec ce qui fait également que je suis moi : mon esprit et mon âme, mon coeur aussi. Pour que je sois en relation avec les autres, avec Dieu en moi, avec l’extérieur, avec mon milieu environnant, et tout ce qui est créé.

Si je me néglige, si je néglige ce corps qui est mien et qu’il se dégrade, quel sera le vecteur sur cette terre, qui me permettra d’être en relation avec le monde et avec mes frères et sœurs en humanité ?

Il m’a fallu tant d’années pour arriver à m’accepter, à accueillir que je me négligeais, parce ce qu’une partie de moi se haïssait, parce ce qu’une partie de moi était tellement en souffrance que je refusais de la regarder et de m’en occuper.

Alors aujourd’hui j’ai fait un pas vers moi, et je me suis agenouillée devant ce corps fatigué, malade et abîmé qui est le mien, et je me suis regardée pour la première fois droit dans les yeux, avec amour et bienveillance, comme le bon samaritain a regardé le blessé sur le bord du chemin. Je me suis faite le prochain de moi-même, j’ai osé m’approcher de moi et toucher mon corps, sans craindre le jugement des prêtres et des lévites. Moi l’étrangère à moi-même, la samaritaine, j’ai entendu les cris de désarroi de cette partie de moi qui souffre et qui a besoin d’aide, et je me suis approchée de moi pour me laver les pieds. Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime…

Mais ô combien il est difficile de s’aimer, de s’agenouiller devant soi et de se penser légitime et autorisée à se donner de l’amour…

Pas pour se glorifier soi-même, mais pour rendre grâce d’exister, d’être en vie, d’être dans ce corps incroyable de potentialité ; pour prendre soin de l’instrument que je suis et honorer celui qui m’a créée.

Comment jouer ma partition si je me néglige, comment vibrer un son harmonieux si mon instrument est fêlé et désaccordé ?

Comme il m’est difficile de prendre cette décision de m’honorer, d’honorer mon corps et d’en prendre soin ! Une boule de culpabilité et de honte me monte à la gorge, du dégoût presque.

C’est dingue quand j’y pense…

Alors que je suis capable de mettre tant d’amour dans le soin à l’autre, au chevet des malades que j’ai lavés, peignés, habillés, embrassés, nourris, comme s’ils étaient l’être le plus précieux au monde, comme je l’ai fait pour mes enfants quand ils étaient petits.

Pourtant, je me rends compte que je suis encore incapable de le faire pour moi, avec autant d’amour et d’abnégation que je l’ai fait pour d’autres. Et ma vaisselle sale traîne dans l’évier, tandis que les cartons de déménagement encombrent encore une partie de ma maison.

Comment pourrais-je prétendre aider les autres à devenir autonomes et indépendants, à sortir de leurs addictions alors que je suis encore engluée dans ce passé qui m’attache et dépendante de cette enfant indisciplinée en moi, indisciplinée et rebelle, parce ce que blessée et complètement apeurée, heurtée par les blessures indicibles de son enfance, et qui a dû s’adapter pour survivre.

C’est tout un chemin qu’il me reste à parcourir pour continuer à grandir et à m’épanouir, pour trouver une véritable liberté et vivre mon identité profonde de fille de l’Homme et de fille de Dieu.

Alors seulement je deviendrai capable de prendre soin de l’autre, réellement, et de le guider sur son propre chemin de liberté.

En attendant je dois accepter d’être égoïste aux yeux de certains, d’être pauvre à mes propres yeux, et ne plus être en capacité de donner (ou si peu), ou en tout cas pas comme je le voudrais, pas comme cela me paraîtrait acceptable et louable…

Accepter les limites pour trouver ma vraie liberté, accepter que certaines choses se passent différemment de ce que j’aurais souhaité, tandis que d’autres prennent du temps pour advenir. Apprendre à m’émerveiller de chaque petit pas de cet être nouveau et en devenir qui est en train de renaître à une vie nouvelle en moi.

Aujourd’hui je me suis lavée les pieds…

« si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi » dit Jésus à Pierre.

Aujourd’hui, j’ai donné de l’amour et de la tendresse à mon corps. Moi toute seule. Comme une grande personne capable d’aimer et de prendre soin d’elle-même autant que des autres.

Je suis responsable de mon corps, je suis responsable de ma vie, et j’honore la vie qui me traverse, tout comme Jésus-Christ a honoré la vie et le corps de ses disciples en s’agenouillant devant eux au soir du jeudi saint, en acceptant de se faire petit et de se mettre au service en leur lavant les pieds, lui le Seigneur et le Maître.

Se faire petit et se mettre au service de soi, pour honorer et glorifier le plus grand que soi en soi. C’est se préparer à aimer son prochain comme soi-même, et à devenir sacrement de l’Amour.

Elisabeth Cécile

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L’homme déchu…une chance pour l’humanité ?

Une journée qui commence par deux nouvelles dérangeantes, avec la lecture d’un article sur les dérives de Jean Vanier et un autre sur deux prêtres haut placés des légionnaires du Christ qui ont trahis leur célibat et sont devenus pères de plusieurs enfants.

Que dire…

En réalité je ne suis pas surprise et je crois que je commence à m’habituer, à accepter…

En tant qu’enfant de la communauté des Béatitudes j’ai côtoyé tant de gens pour qui j’avais (et bizarrement pour qui j’ai encore) de l’estime, et qui avaient eux aussi des comportements sexuels non conformes à ce qu’ils prêchaient, qui ont dérivés dans l’abus de pouvoir et l’abus financier que je ne peux que constater la faiblesse de l’être humain.

De mon côté, j’ai aussi expérimenté ma propre faiblesse, mes propres ambivalences, et mon incapacité à tenir mon engagement dans la fidélité à mon mari (qui sera bientôt mon ex-mari d’ailleurs…) et à mon sacrement de mariage. Et je me suis trouvée confrontée à cette incapacité dès le début de mon mariage en plus.

Je connais cette faille et cette ambiguïté de professer et de croire en certaines valeurs, auxquelles on voue toute sa vie, tout en n’arrivant pas à les tenir dans certains actes. Et la souffrance d’une vie déchirée en dedans, avec un extérieur « bien sous tout rapport » que l’on brandit et auquel on s’accroche, mais derrière lequel on se masque, alors qu’à l’intérieur et dans le secret on agit dans le mensonge, en contradiction avec ses valeurs, ou en tout cas avec celles qu’on nous a inculquées.

Culpabilité, honte, découragement, et pourtant il faut continuer d’avancer, croire en la miséricorde, en ce qui est bon en soi, et essayer de mettre sa vie en conformité avec son être profond et tendre à l’unité de l’être, et mettre en accord son faire avec son être.

C’est dur de regarder que l’on est un être imparfait, surtout lorsque l’on baigne dans un milieu qui tend à nous faire croire que la perfection est possible sur cette terre, notamment avec la grâce de Dieu.

« Si j’ai la foi et que je suis converti(e), vraiment converti(e) et que je pratique saintement la religion, il ne peut rien m’arriver, et je suis à l’abri de tous ces comportements mécréants et pécheurs des hommes et des femmes qui ne connaissent pas Dieu, voire qui le rejettent. »

Je ne peux m’empêcher de penser que tout ceci est un leurre, et que les comportements déviants sont loins d’être nouveaux et ont toujours existé, quelles que soient les époques et les religions.

Le tort de la religion catholique en particulier, est d’avoir porté aux nues certaines personnes plus charismatiques que d’autres, en brandissant leurs vies en exemple.

Seulement voilà… Quand on découvre à l’heure actuelle comment l’institution ecclésiale a passé (et passe encore) sous silence de nombreuses failles de ses membres, je me dis que la majorité des saints ne sont sûrement pas ce qu’ils paraissent, et que leurs vices cachés ont été tûs et ignorés, donnant finalement en exemple des modèles impossibles à suivre et mettant une énorme pression et d’énormes fardeaux sur les épaules de tant de membres…

Et que penser du rapport à la sexualité, à la chasteté ? Et de l’exclusion à vie des sacrements de ceux qui sont incapables de vivre la continence ?

Toutes ces affaires semblent nous montrer les failles de cette intransigeance de l’Eglise institution vis à vis de comportement humains pulsionnels mal maîtrisés et mal orientés, comportements humains pourtant inscrits dans notre humanité : l’instinct de survie et celui de la reproduction sont profondément inscrits dans l’inconscient (et le corps) de l’être humain, la recherche du plaisir également (car sans gratification et sans plaisir nous perdons notre élan vital).

Toutes ces pulsions et comportements font partie de notre nature animale, qui quoi qu’on le veuille n’est pas à éradiquer mais à éduquer.

Hors en éliminant un problème, en l’ignorant et en le refoulant, on se prépare uniquement au retour fracassant du refoulé !

Il semble que nos sociétés actuelles (et l’Eglise des hommes en fait partie) se trouvent de plus en plus confrontées aux défaillances de systèmes que l’on pensait solides et quasi parfaits, amené à durer.

Pourtant rien ne dure éternellement sur cette terre, et tout se transforme. C’est le principe même de la vie depuis des millénaires, avec l’ère glaciaire puis la fonte des glaces, la tectonique des plaques, la disparition des dinosaures, celles de nombreux peuples primitifs et civilisations, etc.

Tout se remanie et s’adapte en permanence.

Comment pourrions-nous penser que notre temps serait exempt de modifications dans le temps et l’espace ? En particulier quand ces modifications riment avec destructions…

Et pourtant, la mort et la destruction font partie de la vie, et en réalité, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

Nous sommes invités sans cesse à renaître d’en haut, à construire et à reconstruire, et à ne rien tenir pour acquis, ni dans nos vies ni dans celles des autres.

C’est peut-être la leçon de ces découvertes douloureuses de zones d’ombres (voir de gouffres) là où nous pensions que seule brillait la lumière.

Pourtant la lumière est victorieuse, et en réalité, c’est sûrement sa progression et son intensité croissante qui est à l’origine de ces mises en lumière de vérités dérangeantes.

Accepter les failles (ou du moins les accueillir), faire avec l’horreur de la guerre, de la violence et de la mort, ce n’est pas être fataliste et baisser les bras, c’est accueillir ce qui est, tout simplement.

C’est comprendre que l’humain n’est pas tout puissant et qu’aucun de ses comportements volontaires ou de ses désirs de maîtrise et de contrôle ne pourront aboutir, sans une soumission à un plus grand que soi qui nous dépasse. Nous sommes limités et appelé à découvrir l’illimité au travers de ces limites.

Comment faire l’expérience réelle de la grâce et de la miséricorde sans failles ? Comment comprendre la hauteur et la profondeur de l’amour divin et de la rémission des péchés si l’on reste lisse en surface et qu’on refuse de regarder ses zones d’ombre ? Comment vouloir progresser et se transformer si l’on est déjà parfait ?

Faire l’expérience dans sa chair de ce qui est désagréable en nous, de ce qui nous coupe de Dieu, de soi et des autres, c’est aussi pouvoir faire l’expérience dans sa chair de la miséricorde, du pardon, et de la rédemption, et c’est progresser sur son chemin d’humanité.

Ce n’est pas excuser l’inexcusable et se dire que finalement « tout est permis », mais c’est prendre conscience que si l’humain est capable du beau, du bon et du bien, il est aussi capable du pire.

JE suis capable du pire. Car cette humanité de l’autre est aussi la mienne, et nul ne peut dire dans quel camp il serait, ni de quels actes il serait capable en cas de nouveau conflit armé au niveau mondial.

Nous sommes tous capables du pire, surtout quand notre vie est en jeu. Et ceux qui se pensent exempts d’actes cruels sont peut-être les plus à mêmes de finir par en commettre.

Tout est leçon, et devrait nous amener à nous remettre en question et à revoir notre propre copie. Parce ce que la manière dont nous réagissons à toutes ces révélations douloureuses parlent d’abord de nous, et de ce que nous projetons sur l’autre (et donc sûr nous-mêmes).

C’est une immense chance au final, car lorsque tout s’écroule autour de soi, il nous faut revenir à l’intérieur de soi, et (re)contacter ce qui est source en soi et dépend aussi de plus grand et plus vaste que soi.

C’est donc une occasion de grandir et de (re)construire sur le roc.

Il est heureux que certains hommes soient déchus de leur piédestal et nous remettent de plein pieds dans notre humanité.

C’est à ce prix qu’elle grandit et s’épure de ce qui la dénature.

Elisabeth Cécile

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Le réveil de la blessure…

Il est des choses que l’on sait, mais dont on ne prend pas forcément conscience au moment où on les expérimente.

Il y a deux jours, j’ai vécu une expérience libératrice à laquelle je ne m’attendais pas, et que j’ai envie de partager avec vous.

Comme vous le savez, le départ de mon mari et le divorce en cours me sont extrêmement douloureux, et j’en ressens une détresse inconsolable, un fort sentiment d’abandon, d’injustice ; le tout baigné d’un sentiment de culpabilité, largement nourri par tous ceux et toutes celles qui, en vue de me réconforter et de me faire réagir, n’ont de cesse de me répéter que je n’ai pas le droit de me plaindre, que beaucoup de femmes se retrouvent dans des situations plus dramatiques que la mienne en divorçant : sans revenus ou avec un faible revenu, avec des enfants en bas-âge, sans métier, etc.

Alors il faut quand même que j’arrête de faire ma victime !!! 🙄

Pourtant, même si intellectuellement je conçois tout cela, quelque chose en moi se révolte et ne peut supporter d’entendre de tels arguments, je les trouve inacceptables et j’en souffre profondément.

Je me sens jugée et empêchée de faire le deuil d’un mari avec qui j’ai passé tant d’années, que j’ai aimé, et surtout qui m’aimait, qui prenait soin de moi, me manifestait de la tendresse et s’occupait de tout un tas de choses matérielles, et qui du jour au lendemain décrète qu’il ne m’aime plus et s’en va.

Évidemment tout n’était pas rose entre nous, et il n’était pas l’homme parfait -ni moi la femme parfaite- mais je l’aimais, et j’avais fait le choix (que je refaisais régulièrement) de continuer l’aventure avec lui, malgré l’adversité, car j’espérais en un avenir meilleur. Et de mon côté, je trouvais plus de positif que de négatif à notre histoire, passée et présente.

Pourtant nous eûmes des orages, et avons essuyés plusieurs tempêtes, je dois le reconnaître. Malgré tout je ne me voyais pas quitter le navire, qui me semblait encore pouvoir naviguer longtemps au vu de tout ce que nous avions traversé.

C’est vrai que je ressens une injustice qui me prend au creux de l’estomac, et une douleur inconsolable étreint ma poitrine à chaque fois que j’y pense.

Alors quand mes amis me reprochent de trop souffrir, c’est une douleur qui se rajoute et une révolte qui s’élève.

Il y a deux jours donc, alors que je partageais ceci par écrit à mon amie d’enfance, une évidence s’est faite chair en moi, comme un éclair de génie (!), un lien fort avec une situation similaire vécue après la mort de ma mère, durant toute mon adolescence. Et ce il y a presque 40 ans…

Il me semblait réentendre toutes ces personnes qui ne comprenaient pas pourquoi je souffrais autant de la mort de ma mère, et ce pendant tant d’années, alors que d’autres enfants étaient orphelins de leurs deux parents ou se retrouvaient seuls avec leur père. Moi j’avais la chance de vivre en communauté, d’avoir des mamans de substitution (et en particulier la Vierge Marie, ce qui me hérissait au plus haut point et me mettait dans une colère folle à chaque fois qu’on me disait cela), et d’avoir la foi.

Donc je ne devais pas souffrir à ce point, je n’en n’avais pas le droit.

C’est dur de ne pas être reconnue et entendue dans sa souffrance, comme si elle était illégitime, indigne…

J’avais juste envie et besoin qu’on me comprenne et qu’on me donne le droit d’être malheureuse d’avoir perdu ma maman, de manière brutale, à l’âge de la pré-adolescence, où je commençais à entrer en conflit avec elle, à avoir honte d’elle (je la trouvait rêche et rigide) et où j’étais persuadée qu’elle ne m’aimait pas et préférait mon petit frère. Malgré tout, j’avais conscience que cette maman prenait soin de moi, veillait sur mon quotidien, sur mes devoirs ;!et elle m’éduquait à la dure, mais avec justesse. Elle ne me laissait pas me coucher sur ma colère et m’amenait demander pardon avant d’aller au lit, à ceux avec qui j’avais été capricieuse ou irrespectueuse.

Et lorsqu’elle avait la main trop leste et me giflait de manière injuste, elle me demandait toujours pardon au moment du coucher, et nous nous réconcilions avant que je m’endorme.

Elle était aussi un repère sécurisant au milieu de tous ces frères et sœurs de tous âges et toutes conditions de vie de la communauté religieuse où nous habitions.

Alors quand elle est morte accidentellement un jour de juin, dans des circonstances qui ont fait penser qu’elle souhaitait mourir (mais ce n’était pas le cas, j’en suis convaincue aujourd’hui) je me suis sentie profondément abandonnée, avec cette question sans réponse : « est-ce que tu m’aimais vraiment ? Est-ce que j’étais importante pour toi ? »

J’ai mis des années à répondre à ces questions et à ressentir que ma mère m’aimait réellement… et cela date d’il y a 2 ans à peine, quand j’ai retrouvé par hasard (!) des lettres qu’elle avait écrit à ma grand-mère et à ma tante. La lecture de ces lettres me l’a rendue si vivante d’un coup, si présente et aimante pour mon frère et moi, et pour tous ceux qu’elle croisait. Ce fut un merveilleux cadeau que la trouvaille de cette correspondance.

Malgré tout, la souffrance de son départ brutal, et cette sensation de ne pas être aimée d’elle, mêlée au sentiment d’abandon, a longtemps hanté ma vie.

Alors je réalise aujourd’hui que le départ de mon mari réactive cette blessure que je croyais guérie, et que toute cette souffrance de « surcroît » que je ressens depuis des mois, avec cette culpabilité de trop souffrir, ne vient pas de la femme adulte qui a été quittée par son mari, mais que c’est celle de l’enfant blessée, paniquée de la mort brutale de sa mère et culpabilisée d’avoir trop souffert de son départ.

Et d’un coup ma souffrance s’est allégée et surtout, ma culpabilité s’est envolée. Car je sais que cette jeune Elisabeth avait le droit de souffrir, et j’ai de l’empathie et de la compassion pour cette enfant qui a grandi trop vite, et qui croyait qu’elle seule pouvait sauver le monde qui l’entourait, venir en aide à tous ces adultes immatures et parfois en grande souffrance qui l’entouraient.

Mais pendant ce temps, personne ne prenait soin de sa souffrance à elle, personne ne lui disait qu’elle avait le droit de ne pas souffrir autant, en prenant autant de responsabilités sur ses épaules, qu’elle avait le droit d’être insouciante et que des adultes étaient là pour la protéger et veiller sur elle.

Aujourd’hui je suis capable d’être cette adulte protectrice pour mon enfant intérieure qui souffre encore beaucoup et qui par moment sort de ses gonds avec beaucoup de violence.

Cette enfant qui ne s’aime pas et qui ressent tant de colère et de frustration au fond d’elle, qu’elles envahissent parfois tout l’espace, et prennent le contrôle de ma vie ou de mes comportements.

C’est drôle de se rendre compte que ce que l’on apprend dans les livres ou par l’enseignement des autres arrive en vrai dans sa propre vie.

Derrière une blessure actuelle se cache très souvent une autre blessure non guérie, qui se réactive et prend le dessus sur l’autre.

Je rends grâce à la vie de m’avoir permis de faire ce lien, et j’espère que vous aussi vous saurez faire des ponts entre différents événements de vie et différentes émotions qui sans cesse reviennent bousculer notre mental et notre cœur.

On dit que le coeur a ses raisons que la raison ignore, mais parfois, la lumière surgit et éclaire notre esprit et le chemin devient plus ouvert et plus lumineux devant soi, plus facile.

Elisabeth Cécile

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Vœux 2020

Il paraît que les grandes douleurs sont muettes… ainsi est-ce sûrement pour cela que je n’ai pas réussi à écrire sur ce blog depuis des mois. Peut-être aussi parce qu’il faut du temps et du recul pour méditer et retenir tous ces événements dans son coeur…

2019 aura été pour moi une année de profondes blessures et de grandes incompréhensions, tant sur le plan de ma vie conjugale et familiale, que sur le plan de ma vie de catholique pratiquante. Je ne suis pas certaine d’avoir réussi à dépasser la colère et la révolte engendrées par le départ de mon mari l’année de nos 25 ans de mariage, ni le désespoir suscité par la perte de nombreux repères sur lesquels s’étaient construits ma vie, notamment concernant ma foi en Jésus-Christ, et en particulier ma foi en l’Eglise catholique.

Certains faits me sont encore inacceptables émotionnellement et charnellement, même si mon esprit commence à les concevoir et à envisager qu’ils sont indéniables et définitifs. Il faut du temps, et beaucoup d’amour aussi je crois, pour recevoir ce qui nous transperce et remet en question des fondements qu’on pensait inébranlables. Il faut du temps pour mourir à qui l’on était, et accepter de renaître. Hors l’amour est comme un ruisseau qui grossit petit à petit, un arbre qui grandit, une fleur qui s’épanouit… Il trace sa route lentement, sinueusement et silencieusement, sans toujours respecter le chemin qu’on voudrait lui voir emprunter. L’amour se construit et s’apprend, il se pratique jour après jour, sans relâche. Et comme toute pratique, il comporte son lot d’essais et d’erreurs, d’avancées fulgurantes mais également de reculs maladroits, de ratés humiliants, de palliers incompréhensibles et de progrès invisibles.

Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir, et par moments il me fait peur, voire me semble inexistant. Mais ce que j’ai envie de vous partager aujourd’hui, c’est que je garde au fond de moi une inaltérable espérance ; d’une flamme parfois si infime que les tempêtes intérieures qui m’agitent me semblent la faire vaciller jusqu’à l’éteindre complètement. Pourtant, elle résiste et se rallume inlassablement, sous la poussée d’un flot de vie dont je n’ai moi-même pas toujours conscience, mais qui me traverse et m’habite, et est à mes yeux du domaine de la grâce et du don. Cette vie qui me traverse, cette lumière qui me transperce et me relève, sans jamais se lasser de mes chutes ni de mes plongées abyssales, je vois bien qu’elle me dépasse et qu’elle m’est donnée, même lorsque je me sens démunie pour l’accueillir et la laisser me transformer.

C’est une aventure intérieure qu’il m’est donnée de vivre, une gestation dont je ne connais ni la durée, ni la nature et encore moins l’aboutissement, mais qui je le pressens, fera de moi un nouvel être, plus abouti, plus mature et plus sage, plus fragile et conscient de ses failles, plus acceptant de ses défauts, mais à la fois mystérieusement plus fort.

Alors c’est riche de cette nouvelle expérience que j’ai envie de vous souhaiter à tous et toutes, une très belle année 2020 !

Elisabeth Cécile

“Que le Seigneur te bénisse et te garde !

Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce !

Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !”

Du livre des Nombres, au chapitre 6, versets 24 à 26

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De la délicatesse de l’amour de soi

De l’Amour qui se tisse en étoffe joyeuse, souple et soyeuse, précieuse et lumineuse, de Soi à soi, de toi à moi, de moi à toi, de Lui à nous, de nous à Lui, de nous à nous… à tire-d’Elle peut-être ?!

Quand j’ai écrit ce texte, je ne me parlais pas à moi-même, et puis je me suis souvenue que ce que je pense de l’autre et ressens pour lui -ou pour elle- parle d’abord de moi, de ce que je pense de moi et ressens pour moi.

Et tout d’un coup le chemin pour m’aimer et prendre soin de moi s’est ouvert vers mon intérieur, et j’ai compris que l’amour que je cherchais à donner et à recevoir auprès d’un autre (ou des autres), c’était à moi qu’il s’adressait.

C’est apparu comme une évidence, et c’est drôle comme finalement on a vraiment besoin du miroir de l’autre pour se (re)connaître et (ré)apprendre à aimer : soi, le monde entier et le divin en soi, et en tout ce qui existe.

Il est des choses que tu comprends intellectuellement, mais que tu ne touches pas encore du doigt, et que tu cherches inlassablement.

Et puis un jour tu les trouves et tu les touches et tu les ressens du dedans, dans ton corps et ton être. Alors tout change, tout bascule !

Peut-être juste pour un instant, mais ça y est, la brèche est ouverte, le chemin est tracé et si tu as réussi à traverser une fois ce mur vers toi, il n’y a aucune raison de ne pas y arriver une seconde fois, et encore une autre ; autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que ton mur de protection se déchire et s’effondre, comme le voile du temple ou les remparts de Jericho.

C’est l’intime de moi que je vous livre ici, et c’est un peu intimidant. Mais je veux croire que nous sommes fait du même pain, et que ce que j’écris peut résonner en vous comme un petit levain et vous aider à épanouir votre propre morceau de pâte humaine.

Je ne sais comment vous raconter ce bout du chemin de l’amour de soi que j’ai touché du coeur, de manière encore inédite pour moi, en ce jour où l’Eglise catholique fête le Sacré-Coeur de Jésus, ce Coeur qui a tant aimé le monde et l’aime encore, ce Coeur qui donne sa vie pour lui et lui redonne vie. Ce Coeur qui est le coeur même de tout sacerdoce et qui fait de l’humanité un Coeur (et un choeur, un corps aussi) de prêtres, de prophètes, de rois ; de prêtresses, de prophétesses et de reines.

Ce Coeur qui n’est qu’Amour et ne demande qu’à se déverser dans tous les autres cœurs, passés, présents et futurs de toute notre humanité, ce Coeur qui est Vie, qui est Joie et qui est Paix…

Je vous invite, si vous le souhaitez et si cela vous parle, à remplacer mon prénom par votre prénom à vous, comme pour un dialogue de vous à vous-même, et du plus grand que vous à vous. Mais vous pouvez juste le lire comme une histoire qui ne concerne que moi…c’est votre libre choix et j’ai confiance que vous ferez celui qui est bon pour vous.

Dialogues intérieurs :

De la femme adulte à l’enfant intérieur,

Entre mon féminin et mon masculin intérieur,

Du divin en moi à l’humain en moi.

« – J’ai parfois l’impression d’être dans le petit prince avec toi, et qu’il me faille apprivoiser ton coeur …

– Faut-il qu’on t’ait fait du mal pour que j’ai l’impression d’une forteresse bâtie tout autour de lui ?

– J’en ai le coeur tout bouleversé de compassion, d’amour et de tendresse, même si je me sens dans le même temps totalement démuni(e) pour m’approcher de toi, de peur de te faire fuir au moindre faux pas ou de te voir te refermer comme un coquillage.

– Je me trompe peut-être, mais je ressens cette faille profonde en toi, et tous ces camouflages que tu mets dessus pour la protéger.

– Je voudrais pouvoir te montrer que je suis capable de t’aimer jusque là, jusque dans la blessure de ton coeur -et aussi celle de ton corps-, jusque dans cette jointure qui souffre le martyre…

– Je sais que c’est ainsi que Jésus-Christ m’aime et t’aime, et qu’il nous invite à goûter cet amour, en nous rejoignant dans l’intime de ce qui est le plus blessé et souffrant en nous, parfois tellement enkysté et purulent, et qui nous paraît effrayant et sale…

– Mais Lui il vient jusque là, au plus vilain et au plus noir de ce que nous sommes, pour y apporter la guérison, pour laver et purifier nos plaies de son eau pure et de Sa Vie !

– Tout ce qu’il touche en nous se transforme, par Amour, dans l’Amour et pour l’Amour.

– Je t’aime tellement Elisabeth…

– Je voudrais pouvoir te rejoindre, là où c’est si douloureux en toi, et être uni(e) au Christ quand il pose son baume d’amour et de tendresse sur toi et sur tes blessures.

– C’est tellement profond ce que je ressens pour toi Elisabeth !

– Profond et précis comme une pointe de compas sur une carte du monde, et donc infiniment petit… Et dans le même temps, immense comme l’infini du ciel et toute sa voûte étoilée !

– L’amour que tu suscites en moi, et que Dieu suscite en moi pour toi, fait chanter tout mon coeur, toute mon âme et tout mon corps !

– C’est comme cela que je t’aime Elisabeth, et je me sens infiniment petit(e) devant toi, devant l’infini de ta personne, sa beauté et sa grandeur. Car je ressens au fond de moi cette beauté et cette grandeur originelle que toi et moi sommes invités à retrouver au travers de nos chemins d’ici-bas, qui nous mènent vers le Ciel et le bonheur éternel…

– Je n’ai pas assez de mots pour exprimer comment je t’aime Elisabeth, combien tu as du prix à mes yeux, combien je désire te respecter dans ton être tout entier, et combien je désire t’aimer de la plus belle et de la plus aimante manière qui soit, pour glorifier Dieu en toi et en moi, et pour glorifier Dieu en lui-même !

– Je voudrais me faire tourterelle ou colombe et me blottir contre toi, me cacher dans la faille de ton coeur pour t’y aimer, te porter et te plonger dans l’océan d’immensité de l’Amour.

– C’est tout cela que je voudrais te donner Elisabeth, si j’étais le mari ou la femme de ton coeur, l’époux ou l’épouse de ton âme… si j’étais l’amant(e) de ton coeur…

– Ô mon amour… puisse mon amour te rejoindre et s’unir au tien, à toi, à tout ton être et à tout Dieu qui nous traverse…

– Je t’aime d’amour Elisabeth

– Je n’ai aucun pouvoir de faire que tu m’aimes. Je suis pauvre et désarmé(e)…

– Démuni(e)…

– Soumis(e) à ton bon vouloir…

– Soumis(e) à ton amour comme à ta cruauté

– Tout comme Jésus l’est devant nous et devant chacun de nos cœurs

– Ô mon amour … !

– Je te garde en moi comme le trésor le plus précieux de ma vie et je veux m’offrir et m’ouvrir totalement, pour recevoir en mon sein, en ma vie, en mon corps, en mon âme, cette vie qui te traverse et que tu déverses en moi quand tu m’aimes, quand tu m’ouvres la porte du jardin de ton coeur, et que tu n’as plus peur de moi…

– Ô Elisabeth, je t’aime comme un feu brûlant, plus fort que la mort !

– Je n’ai que cela à t’offrir, et je sais que tu peux ne pas l’accueillir, ne pas le vouloir ne pas le désirer… Je le sais et ce n’est pas grave !

– « C’est l’amour que j’ai pour toi qui compte! »… et c’est ce que Jésus nous dirait s’il était là devant nous, en chair et en os.

– C’est le cadeau de mon coeur pour toi Elisabeth : je t’aime et je désire tant ta guérison, que tu brilles comme un diamant au soleil, pur et précieux devant Dieu, nu(e) au dehors et vêtu(e) de Lui en dedans 💍✨

– Sois béni mon amour ♥️

– Dans tout ton être 🙏🏼 »

Elisabeth, Cécile

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ÉLIVOIX : pour célébrer ou accompagner vos événements de vie 🎵🎶

Comme vous le savez (ou ne le savez peut-être pas !) j’ai créé ce blog « Dans les pas de Jésus-Christ » pour témoigner de, et exprimer à tous et toutes, l’appel au sacerdoce ministériel (= l’appel à être prêtre) que j’ai ressenti très fortement il y a 6 ans, une nuit de mai 2013, et qui a germé jusqu’à ce 22 juillet 2018 où j’ai fait part officiellement de ma candidature à ce sacerdoce ministériel, dans une lettre ouverte à l’Eglise catholique, aux hommes évêques et prêtres de l’Eglise catholique pour être plus précise. Car c’est la procédure, on ne choisit pas d’être prêtre, on est appelé de double manière : et par Dieu dans un appel intérieur (avec tout ce que cela peut comporter de désir personnel, d’orgueil ou de fuite d’autre chose), et par un appel de l’Eglise institution (qui est là pour éprouver la réalité et la vérité de cet appel divin ressenti par une personne)

Bon ça c’est la théorie, car on sait qu’en pratique (et il suffit de creuser un peu l’histoire) les vocations à la prêtrise et les candidatures acceptées répondaient (et répondent encore) à des critères très humains. Et l’appel de Dieu avait parfois bon dos à une certaine époque !!!

Toujours est-il que ma candidature n’a même pas été examinée vu que je suis une femme. Le magistère de l’Eglise a toujours décrété (enfin toujours on ne le sait pas avec certitude, il existerait des fresques antiques représentant des femmes évêques) qu’une femme ne peut agir « au nom du Christ tête ». Elle ne pourrait avoir ce « pouvoir ». Ce qui en réalité me fait sourire, car dans les faits, c’est surtout le Christ qui agit au travers des gestes et des paroles du prêtre, bien plus que le prêtre qui agit au nom du Christ ! Et décréter que Dieu ne pourrait agir au travers des gestes et paroles d’une femme, surtout pour un acte aussi grand que celui de se rendre présent au milieu de nous (alors qu’une femme a la capacité de donner la vie) me parait absurde. Surtout quand on pense qu’une femme seule ou qu’un homme seul ne peuvent engendrer la vie l’un sans l’autre. Et ils sont nombreux mes frères et sœurs catholiques à descendre dans la rue pour l’exprimer et le défendre !

Mais lorsqu’il s’agit de la vie divine de Jésus-Christ qui prend corps à l’autel (c’est ce que les catholiques croient qu’il se vit au moment de la prière de consécration), le masculin seul suffit. Exit la femme…et même, on la tient très à distance et loin du choeur (et du coeur ?) !!! Pourtant Dieu a humblement choisi de s’incarner sur terre dans le ventre d’une femme, et au moment de son sacrifice suprême sur la croix, deux femmes au moins étaient présentes, et non des moindre : Marie la propre mère biologique de Jésus-Christ et mère spirituelle de tout le genre humain ; et Marie-Madeleine à qui il serait apparu en premier le jour de la résurrection (selon le récit évangélique), avant même d’apparaître aux apôtres (que le magistère de l’Eglise considère comme les premiers représentants du Christ Prêtre)

Je ne vois aucune exclusion des femmes dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Hors c’est cet événement majeur de notre foi catholique dont nous faisons mémoire à l’autel pendant la messe. Et pourtant les femmes en sont exclues… définitivement aux dires de ces messieurs du haut-clergé. Et le secrétaire des évêques de France m’a répondu qu’il n’appartenait pas à la conférence des évêques de France de débattre sur le sujet. Vous trouverez sa lettre dans un des articles de ce blog. Don’t act.

Alors que faire ? Partir en croisade pour essayer de changer l’autre ? Passer sa vie à lutter, en colère et amère, dans la rébellion permanente ? Se soumettre en niant ce qui m’habite ou en l’étouffant sous le boisseau ? Partir d’une Église qui ne me parait plus correspondre à ce que je comprends et connais de Dieu (et qu’elle m’a elle-même en grande partie enseignée !) Tous ces stades et toutes ces réponses je les ai traversées et expérimentées depuis que, cet appel à mettre mes pas dans les pas de Jésus-Christ jusque dans le ministère sacerdotal m’a traversée, et continue de croître et d’évoluer en moi.

Alors j’ai décidé de lâcher prise, non pas que je ne ressente plus cet appel ni que je n’y crois plus, mais je ne peux changer l’Eglise à moi toute seule, et le risque serait de m’accrocher à mon désir propre, à ma conception propre (et à celle donnée par l’institution) de ce que serait le prêtre. Hors Jésus-Christ est le grand-prêtre d’une Alliance Nouvelle, et qui nous dit que c’est Lui seul qui devient l’intermédiaire entre Dieu et les hommes, et que les prêtres à la manière de l’Ancienne Alliance n’ont plus lieu d’être.

Hors, si je regarde bien le fonctionnement du clergé et le statut des ministres ordonnés, force est de constater que le modèle mis en œuvre au fil du temps ressemble étrangement au sacerdoce de l’Ancienne Alliance, et qu’on pourrait même dire que ç’en est la copie conforme… Est-ce à cela que je me sens appelée ? Je ne crois pas.

Alors je choisis d’avancer sur mon chemin d’humanité, je continue de me nourrir des sacrements de l’Eglise, à mon rythme, car c’est un lieu de ressourcement où Dieu se donne à moi de manière particulière (et cependant non exhaustive). Mais je ne cautionne plus activement le système comme j’ai pu le faire auparavant (tout en me rebellant contre lui et en le questionnant !)

Je me nourris aussi (enfin avec des hauts et des bas, des appétits plus ou moins grands rassurez-vous 😉) de la lecture régulière de l’Evangile et des textes du jour, de prière personnelle ; de vie incarnée aussi, dans le travail de mes mains, dans la beauté de la création et du moment présent, si simple et anodin semble-t-il, si profane semble-t-il. Car en réalité tout est sacré, tout est habité par le divin ; car Dieu est la vie, le mouvement, l’être et l’agir de toute chose créée, comme St Paul me l’a fait comprendre.

Cependant il me manquait le sacrement de l’autre, l’autre qui me dit Dieu et à qui je dis Dieu moi aussi. La rencontre et l’échange avec cet autre, visible et incarné, différent de moi, sans lequel je ne peux prétendre aimer Dieu ni le connaître en profondeur, lui que je ne vois pas de manière visible, et que je pourrais facilement transformer en idole lointaine si l’autre ne venait pas m’interpeler dans la réalité de sa nudité, de sa faim, de sa soif et de ses emprisonnements.

Alors, comme le chemin de ma vie familiale et conjugale fait que je me retrouve à vivre seule, que mon état de santé ne me permet pas d’exercer en ce moment mon métier -et donc de rencontrer l’humanité de l’autre dans sa beauté et de l’accompagner dans sa fragilité- je choisis une autre voie (voix) : celle du chant et de la présence à l’autre pour accompagner des moments marquants de sa vie. Car je suis encore capable d’être là et de chanter. C’est une vibration qui me fait vibrer et vivre moi d’abord, en plus de rejoindre l’autre (enfin c’est ce que j’espère et ce à quoi je travaille !).

Ce sera ma manière à moi, pour le moment, de répondre à cet appel à marcher dans les pas de Jésus-Christ, lui qui est Le Verbe de Dieu, Sa Voix (Voie) et Son Chemin, Le chemin. Lui qui veut se faire toujours plus Présence dans nos vies, une Présence Réelle…. Puisse ma petite entreprise ÉLIVOIX être témoin de cette Voix (Voie) de Dieu qui me traverse et résonne en moi ☺️💫🎵🎶

Elisabeth Cécile

Pour en savoir plus sur ma nouvelle activité : www.elivoix.com

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Se laisser transformer pour mieux regarder

« Nous avons à laisser la semence de la grâce pousser en nous pour que notre regard, notre intelligence, notre imagination, notre corps, notre affectivité soient transformés. Nous avons, peu à peu, à apprendre à regarder les autres comme Dieu les regarde. » J.V
« Apprendre à regarder les autres comme Dieu les regarde… » merci Jean Vanier de me rappeler cet essentiel sur lequel j’ai toujours choisi de m’appuyer, mais duquel je m’échappe parfois, surtout quand ces autres appuient sur mes blessures et réveillent tout ce qu’il y a de plus douloureux en moi. Et je me rends compte alors de tout ce qui doit se transformer en moi, dans mon intelligence, dans mon imagination, dans mon corps et dans mon affectivité, et aussi combien je résiste à la grâce car j’ai peur de me perdre, de perdre mon identité en me laissant transformer.
Et c’est là le paradoxe puisqu’au contraire ces transformations auxquelles je suis invitée n’ont d’autre but que de m’emmener vers mon moi véritable !
Il n’est pas si facile de laisser la semence de la grâce se déployer en nous, parce qu’une partie de nous qui n’est pas notre moi véritable mais un moi préfabriqué comme dit mon ami Maurice Zundel, refuse de se laisser émonder et de mourir.
Je me rends compte que c’est ce que vit l’Eglise catholique en s’accrochant de toutes ces forces à des branches que la grâce voudrait transformer.
Mais comment pourrais-je reprocher à l’autre ce que je ne suis pas capable d’accepter et de vivre pour moi-même ? Il y a un tel orgueil en moi à me cramponner à des branches mortes… même si en réalité ce n’est pas de l’orgueil, c’est de la peur, une immense frayeur. Et je me rappelle alors mon professeur d’addictologie qui raconte que les pompiers qui sauvent des gens de la noyade sont souvent obligés de les récupérer accrochés au bout de bois qui leur a sauvé la vie et qu’ils sont incapables de lâcher pour attraper la main qui vient leur prêter secours. Et c’est ce que font aussi mes patients quand ils s’accrochent à leur bouteille, leur joint ou leur cigarette. Et je les accueille cramponnés à leur drôle de bouée de sauvetage.
C’est cela que je dois apprendre à vivre pour moi et dans mon rapport à tous ceux dont je déplore les comportements qui me paraissent absurdes et inadaptés.
Merci Jean Vanier 🙏🏼

Elisabeth Cécile


Nb. Je suis sure que le rappel de cette publication Facebook d’il y a deux ans n’est pas un hasard mais un petit clin d’œil du Ciel 😉❤️

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Développement personnel

Les « leçons » de la vie

Quand je me suis mariée, en septembre 1994, mon mari et moi avions choisi une lecture de l’ancien testament qui avait interpelée et fait dire à beaucoup que nous étions courageux (voire gonflés!) d’avoir pris ce texte, et à une autre, qu’il était impossible que nous divorcions un jour (vu la teneur de notre messe de mariage et tout le coeur que nous y avions mis).

Pourtant, pile 25 ans après, nous voici en train de nous séparer et de divorcer…

Et la photo que tu as publiée sur cette page Janie, avec ce texte « on s’est connu par deux raisons essentielles : t’es une leçon ou t’es une bénédiction » m’évoque cette lecture du chapitre 28 du Deutéronome que nous avions choisie, où Moïse après la sortie d’Egypte évoque les bénédictions et malédictions promises selon que le peuple respectera ou non le commandement de Dieu.

Nous avions voulu rapporter toutes ces bénédictions au texte d’évangile de Jean dans le chapitre 15 « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Voici donc ce qui avait été proclamé le jour de mon mariage, et l’esprit de ce texte des bénédictions a toujours été une ressource où venir puiser dans les moments de doutes ou les périodes douloureuses :

« Si tu écoutes attentivement la voix du Seigneur ton Dieu, si tu veilles à mettre en pratique tous ses commandements que moi je te donne aujourd’hui, alors le Seigneur ton Dieu te placera plus haut que toutes les nations de la terre.

Toutes les bénédictions que voici viendront sur toi et t’atteindront, parce que tu auras écouté la voix du Seigneur ton Dieu :

Béni seras-tu dans la ville ! Béni seras-tu dans les champs !

Bénis seront le fruit de tes entrailles, de ton sol, de ton bétail, tes vaches pleines et tes brebis mères.

Bénis seront ton panier et ta huche à pain !

Béni seras-tu quand tu entreras ! Béni seras-tu quand tu sortiras !

Des ennemis qui se dresseront contre toi, le Seigneur fera des vaincus devant toi : par un seul chemin, ils sortiront à ta rencontre ; par sept chemins, ils fuiront devant toi.

Le Seigneur ordonnera que la bénédiction soit avec toi, dans tes greniers et en toutes tes entreprises, et il te bénira dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne.

Le Seigneur t’établira pour lui peuple consacré, comme il te l’a juré, car tu garderas les commandements du Seigneur ton Dieu et tu suivras ses chemins ; tous les peuples de la terre verront que le nom du Seigneur est proclamé sur toi, et ils auront peur de toi.

Le Seigneur te comblera de biens en surabondance : il fera fructifier ta famille, ton bétail et ton sol sur la terre qu’il a juré à tes pères de te donner.

Le Seigneur ouvrira pour toi son beau trésor, le ciel pour donner la pluie à ton pays au temps favorable et bénir ainsi toute œuvre de ta main. Tu prêteras à beaucoup de nations, et toi, tu n’emprunteras pas.

Le Seigneur te mettra à la tête, et non pas en queue ; tu ne feras que monter, tu ne descendras pas, si tu écoutes les commandements du Seigneur ton Dieu que je te donne aujourd’hui à garder et à mettre en pratique. »

Nous n’avions pas lu les malédictions, et j’avoue que j’avais un peu de mal avec cette seconde partie… parce que pour moi Dieu ne peut désirer que notre bien et notre bonheur !

Je comprends aujourd’hui que cette notion de malédiction n’est autre que celle de la leçon et de l’apprentissage, et qu’après 25 années de bénédiction d’une chouette vie de famille avec nos trois enfants (devenus grands maintenant et quittant le nid familial), voici le temps des leçons (et c’est comme une nouvelle jeunesse finalement 😉) et de nouveaux apprentissages.

Par curiosité je viens de chercher l’étymologie de ce mot un peu violent qu’est malédiction. Et là, ô surprise : « Malédiction a été refait postérieurement sur le latin ; l’ancienne forme est maleïçon » !!!

Pour ceux que cela intéresse, voici les leçons que nous avons à apprendre et bien souvent à « décrypter » pour nous permettre de revenir vers plus d’amour quand nous nous écartons de cette voie 🤗 : 

https://www.aelf.org/bible/Dt/28

« Le Seigneur te frappera des furoncles d’Égypte, d’abcès, de gale, de pustules, et rien ne pourra t’en guérir.

Le Seigneur te frappera de démence, de cécité et d’égarement d’esprit.

En plein midi, tu iras tâtonnant comme tâtonne un aveugle dans les ténèbres, tu ne réussiras pas à trouver ta route ; chaque jour tu ne seras qu’exploité, spolié… et personne pour te sauver !

La fiancée que tu as choisie, un autre la possédera ; la maison que tu as construite, tu ne l’habiteras pas ; la vigne que tu as plantée, tu n’en profiteras pas.

Ton bœuf sera abattu sous tes yeux, et tu n’en mangeras pas ; ton âne te sera enlevé, et il ne te reviendra pas ; tes brebis seront livrées à tes ennemis… et personne pour te sauver.

Tes fils et tes filles seront livrés à un autre peuple ; tes yeux se consumeront à les guetter chaque jour, et tu ne pourras rien faire.

Le fruit de ton sol et le produit de ton travail, un peuple que tu ne connais pas les mangera : chaque jour, tu ne seras qu’exploité, maltraité.

Au spectacle que tu auras sous les yeux, tu deviendras fou ! »

Je trouve ce texte des malédictions extrêmement rude (et d’ailleurs je vous partage un extrait plutôt soft 😅) et j’avoue qu’il peut faire peur ou révolter ; mais en le lisant, j’y reconnais tout ce que nous pouvons traverser les uns et les autres de difficile dans notre vie, tout ce que nous portons du poids du passé transgénérationnel, la crise du milieu de vie, etc.

Et c’est vraiment ainsi que j’ai envie de regarder la vie désormais, non plus en terme de bonheur ou de malheur, de bénédictions et malédictions, mais de bénédictions et de leçons. Ce qui revient à dire au final que « tout est bénédiction », et contribue à notre bien, à notre croissance et à notre épanouissement !

Alors je choisis avec courage d’attraper ces leçons à pleines brassées, de les tenir à bras le corps, pour en tirer tout le bénéfice possible 🤗

Merci Janie Duquette pour cette petite photo qui aujourd’hui change mon regard et m’ouvre de nouveaux horizons 😘

Elisabeth Cécile

Nb. En réponse à mon amie Janie Duquette, créatrice de l’Académie du Pouvoir Féminin, auteur du livre Les 7 clefs du leadership féminin et de Faire une femme de soi.

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L’amour d’un père

Me voici à nouveau parmi vous après un long silence, et pour causes… Deux événements notables sont survenus, tel un tsunami dans ma vie !

Mon mari a choisi de quitter la maison le 2 janvier dernier pour habiter seul et prendre du recul, pour un mois plus tard m’annoncer que cette séparation était définitive et que tout était fini entre nous.

Au final c’est moi qui ai déménagé depuis quelques jours dans une nouvelle demeure, lui laissant avant qu’elle soit vendue, notre maison commune, où nos trois enfants, tous jeunes adultes, ont encore leurs marques et leurs chambres, mêmes s’ils sont les uns et les autres en train de quitter le nid, pour s’extraire du cocon familial et déployer leurs propres ailes afin de s’envoler vers leurs propres horizons de leurs vies.

Mais là n’est pas le propos de mon article, et je ne m’étendrai pas plus sur ce sujet, encore trop récent et difficile pour moi.

Ce que j’ai à cœur de vous partager c’est qu’au milieu de tous ces bouleversements intérieurs et extérieurs, plutôt bien douloureux pour mon coeur et mon ego blesssés, je vis aussi de très belles choses et reçois de magnifiques cadeaux.

Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir dans la vie, et je le découvre de plus en plus. Tout est équilibre et perfection, et chaque événement -quelle que soit sa teneur parfois catastrophique et incompréhensible, révoltante même- comporte quelque part en lui une source de bonheur et d’enrichissement, de progression vers plus de foi (confiance) et d’humanité, vers plus d’amour, et vers une meilleure version de soi et du monde autour de soi.

Évidemment, comme le souligne David Laroche -dont je suis le parcours en ligne « Entrainé pour réussir », qui soit dit en passant est un merveilleux cadeau dans ma vie, surtout en cette période houleuse que je traverse- l’aspect positif d’une situation n’est pas forcément évident, et il faut s’entrainer à élargir son regard dans le temps et l’espace pour en trouver le (et bien souvent les) cadeau(x) caché(s), que ce soit dans l’instant présent, mais aussi dans la durée.

Tout ce qu’il nous est donné de vivre, et qui parfois paraît un cadeau empoisonné, contribue à qui nous sommes et à qui nous devenons. Et de toute situation un bien peut sortir.

Évidemment on ne souhaite pas la situation douloureuse et elle n’est certainement pas à rechercher, voire à s’infliger ou à infliger à d’autres, mais la vie se charge de nous offrir son lot de tourments et d’injustices. Et bizarrement, comme tout est équilibre des forces, toute tristesse amène sa joie, et toute déchirure amène sa consolation.

C’est cette consolation et ce réconfort du cœur que j’ai envie de vous partager aujourd’hui.

Vous ne le savez peut-être pas, mais j’ai un père (si si je vous assure !) et qui plus est, un papa formidable (et je le découvre à nouveau après en avoir un peu douté!).

L’histoire entre lui et moi n’est pas simple, mais quelle relation parent-enfant l’est ?

Nous avons chacun notre passé et notre sensibilité, et nous partageons en commun de nombreuses choses (les chiens ne font pas des chats comme je l’ai toujours entendu dire 😉), notamment ce sentiment d’indignité à être et cette difficulté à se sentir légitime.

Un jour mon père m’a exprimé qu’il s’est toujours senti un père indigne et démissionnaire, et d’ailleurs il ne signait jamais ses lettres avec « papa », mais écrivait son prénom ou son surnom à la fin de tous les courriers ou messages qu’il m’envoyait. Jusqu’à ce que je lui dise qu’il était mon père et que j’avais besoin qu’il me le montre de manière tangible en signant « papa ». Ce qu’il ne manque jamais de faire depuis.

Pourtant, j’ai toujours eu du mal à me sentir aimée de lui, en particulier depuis cet évènement incompréhensible, inexplicable et très difficile à accepter (pour moi comme pour lui évidemment), que fut la mort brutale de ma mère à l’âge de 36 ans, l’année de mes onze ans.

Un traumatisme dans nos vies, qui fut long et douloureux à accueillir puis à accepter (mais peut-on jamais l’accepter totalement ? C’est un chemin qui n’a pas de fin quelque part), et que nous avons traversé tant bien que mal, chacun avec nos limites et nos possibles.

En tant qu’adolescente et même en tant qu’adulte, j’ai eu du mal à me détacher de mon papa, dont je ressentais la souffrance intérieure, en lien avec une enfance difficile et un veuvage précoce, tellement injuste et douloureux.

Et j’ai aussi je crois, rendu impossible son remariage (même si au final c’est son choix et sa responsabilité), tant j’ai souffert de la mort de ma mère, et qu’il était inconcevable pour moi de la « remplacer » par qui que ce soit, tant par une mère sur terre que par une mère au ciel. Je ne supportais pas qu’on me dise que si ma mère de la terre n’était plus là je pouvais choisir la Sainte Vierge pour Mère (et d’ailleurs cette dernière est à mon coeur, d’abord une sœur et une amie, ma sœur en humanité, avant que d’être ma mère, même si elle l’est devenue aussi par la suite).

Comme je viens de le dire, j’ai toujours eu de la difficulté à prendre de la distance vis à vis de mon père, notamment au travers de la nécessaire colère (et de tous les griefs qu’on y associe), pour se détacher et se différencier de ses parents, afin de devenir l’être unique et adulte, et donc capable d’autonomie, que nous sommes tous et toutes invités à être.

Comment être en colère contre un père qui souffre d’avoir perdu sa femme, et qui plus est, perd ses deux parents l’un après l’autre dans les cinq ans qui ont suivis…?

C’était beaucoup de culpabilité pour moi de regarder mon papa de manière objective, en accueillant ses défauts autant que ses qualités. Il me semblait injuste de regarder ses limites et ses failles, et de les lui renvoyer, même si elles me faisaient souffrir et semblaient me porter préjudice (parce qu’en réalité elles sont aussi la raison de qui je suis aujourd’hui, et ont contribué à me faire croître en courage et en combativité, en autonomie aussi)

J’ai toujours ressenti ce rôle inversé en moi, où il me fallait être le parent de mon père, et où je m’interdisais d’être une fille en colère. Et pourtant Dieu sait qu’elle me traversait la colère, une bouillonnante colère même, dont certains ont fait les frais, moi la première en réalité.

Mais être en colère contre mon père ou en désaccord profond avec lui…hou là là, impossible !!!

J’avais trop l’impression de ne plus l’aimer et de lui rajouter une souffrance supplémentaire, et je finissais par porter moi cette souffrance que je refusais de lui infliger.

Mais j’ai compris avec le temps et au travers de mes différentes expériences de vie, qu’on ne peut épargner à l’autre tout désagrément, ni le protéger de toute souffrance. L’important étant de faire (et de vivre) ce qui est nécessaire à notre propre croissance (et qui contribue autant à la mienne autant qu’à la sienne). Je le réalise jour après jour, au travers de mes enfants, en étant parent moi-même -ou plutôt en le devenant grâce à eux, au fil de leur croissance dirais-je.

Pour faire court (lol!), je dirais qu’une de mes blessures (qui a aussi contribuée à développer une certaine force en moi), est que mon père s’est plus rapproché et occupé de mon frère (de deux ans et demi plus jeune que moi, et qui avait donc 9 ans au décès de notre maman), et qu’il m’a avoué un jour, que comme moi j’avais la foi, il pensait que je souffrais moins de la mort de ma mère que mon frère, et que j’avais donc moins besoin de son soutien et de sa présence.

Là aussi, pas simple quand on aime son frère et son père, de ne pas ressentir de culpabilité à se sentir jalouse et en colère d’une attention dont on est privée, sans en comprendre la raison, avec évidemment l’interprétation que « si je suis moins aimée dans les actes je suis moins aimée tout court, et que si je suis moins aimée (voire pas véritablement), c’est que je ne le vaux pas et que je ne le mérite pas … »

Et là la boucle est bouclée, et comme mon papa je me sens indigne et illégitime !

Voyez le contexte de ma vie, et toutes les croyances avec lesquelles je me suis construite, certaines étant un véritable handicap, et ayant peut-être (sûrement) contribuées aux difficultés de ma vie de couple et à cette séparation qui se dirige actuellement vers un divorce.

Mais voilà, au travers de cette séparation douloureuse, je découvre et redécouvre l’amour de mon père, et l’après-midi que j’ai passé hier avec lui en a été un magnifique témoignage.

Tout d’abord, lundi dernier il est venu m’aider à déménager, et n’a pas eu peur de monter et descendre les escaliers en portant moults cartons avec un diable (je me demande bien pourquoi un outil si utile et précieux s’appelle ainsi 😉). Et ce malgré des ennuis cardiaques récents ayant conduit à une dilatation artérielle avec stents. Évidemment je ne l’aurais pas laissé prendre des risques inutiles, et le médecin que je suis savais que son coeur ne risquait rien, et que cet exercice de rééducation était même peut-être bienvenu !(🥴). Mais j’ai été touchée par son investissement à m’aider à déménager, ce d’autant que nous n’étions que 3 dans l’affaire pour mes nombreuses affaires !!!

Et là j’ai commencé à prendre conscience de manière tangible que j’avais du prix aux yeux de mon papa, et à me sentir aimée de lui.

Mais la plus grosse prise de conscience, (associée à une immense gratitude) s’est faite ce lundi 1er avril. Et concernant mon papa qui est féru de pêche, voire complètement mordu (!) la date est symbolique. Et ce n’est pas un poisson d’avril que j’ai reçu, mais une vraie démonstration d’amour parental et une vraie joie d’un défi commun partagé entre un père et sa fille 😍.

Pour améliorer ma nouvelle maison (pourtant déjà très au top !), j’ai acheté un buffet de cuisine, et comme vous vous en doutez, j’ai demandé à mon papa -qui me propose sans cesse son aide et son soutien en ce moment-, de venir m’aider à le chercher au dépôt du magasin et à le monter.

J’avais déjà senti au téléphone sa joie cachée de venir m’aider à monter un meuble (nous connaissons tous les différents sketches de ce genre de moments épiques 😁), mais en le voyant arriver j’ai eu un coup au coeur et quelques scrupules à avoir fait appel à lui….

Ce d’autant que mon mari lui, a toujours été fan de légos et de notices improbables, et s’empresse toujours de monter les meubles avec un plaisir de gosse inégalé, et par force de l’expérience, avec beaucoup de talents et de compétences en la matière !

Alors quel contraste de voir mon père arriver en trainant la patte (pour de vrai, il boitait à cause d’un début de goutte, mais n’a pas voulu prendre d’antidouleur évidemment, têtu comme une mule !).

Et à peine arrivés à la maison, alors que je réglais un problème de cumulus avec mon propriétaire, ne voilà-t-il pas qu’il s’assoit dans le fauteuil après avoir monté les cartons, pas du tout motivé pour la suite, et qu’il me dit : « j’ai un coup de barre et une de ces envies de dormir… »

Et moi dans le même temps j’avais un œil sur la notice qui me disait : temps de montage = 3h pour 2 personnes 😩😩😩

Ce ne sont pas 3h que nous avons mis, mais quasiment 6 🥴🤪

Et sur la fin (vers la 5eme heure je dirais !) quand j’ai vu les portes des placards de guingois qui ne voulaient pas se fermer correctement malgré tous les régalages possibles et imaginables, j’avoue que j’ai eu un moment de découragement, ce d’autant que plusieurs fois pendant le montage, j’ai senti mon papa un peu à cran, très peu emballé et pas du tout optimiste, se plaignant de son dos à maintes reprises !

Seulement voilà, avec la ténacité (l’obstination dirais-je !), la patience et l’amour dont nous sommes capables lui et moi, nous avons réussi ce défi du montage de meuble 💪🏼, et ce défi de l’évitement du pétage de boulons et de la prise de bec 😅

Et en me réveillant au beau milieu de la nuit tout à l’heure, je me suis dis que j’avais tord de regretter le nombre d’euros mis dans ce meuble (alors que nous avons mascagné des heures et galéré comme des malades à le monter…), parce ce que ce j’ai découvert de l’amour de mon père pour moi, qui a surmonté ses douleurs et sa mauvaise humeur pendant tout ce temps à m’aider, n’a pas de prix !!!

Je suis très fière de ce que nous avons réussi ensemble, chacun contribuant par ses compétences propres (et par chance complémentaires !) à un super résultat final 🤩

 

Et je ne parle pas que du meuble, mais aussi de ce qui s’est construit et reconstruit entre nous, en moi, et qui me donne envie de vous dire, comme je le ressentais quand j’étais petite fille, avec les yeux brillants d’admiration et de gratitude : « le plus fort, c’est mon père !!!! »

« Je t’aime Papa ❤️ »

« Merci d’exister et d’être là, merci de m’aimer et de faire de moi une fille aimée, et de ce fait, une femme plus épanouie et mieux dans sa vie 😊 🥰 »

Elisabeth Cécile

 

 

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Gratitude automnale ou grogne sociale ?!

Il y a des moments dans une vie plus faciles que d’autres, et en cette période où la lumière s’amenuise au fur et à mesure que nous nous avançons lentement et doucement vers l’hiver, je me sens plutôt triste et fatiguée, découragée et perdue, un peu désorientée.

Tant de choses qui faisaient sens pour moi (dans mon métier, ma vie de catholique et de citoyenne, dans ma famille) perdent leurs couleurs d’origine, se fissurent et se craquellent, et s’en vont une à une, balayées par le vent, comme les feuilles au vent d’automne. Et je me sens de plus en plus vulnérable de cette progressive mise à nue, même si le dépouillement se fait en douceur, bien différemment des tempêtes passées. Lire la suite

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