Certains jours je voudrais ne plus me sentir concernée par l’Eglise catholique et vivre ma vie de femme, dans l’ici et maintenant, tout simplement, en lien avec ce qui me fait du bien et ceux qui m’aiment.
Mais voilà, ce serait renier le Christ, une part de ce qu’est Dieu (car l’Eglise catholique est Son Corps, une partie de Son Corps en tout cas, j’y crois profondément) et faire l’impasse sur tout une partie de ceux que j’aime ou en tout cas dont le sort et le bien m’importent et me concernent…ce serait aussi renier une part de moi importante puisque je suis fille d’Eglise…et pas seulement fille, car je suis mère de l’Eglise également, je l’enfante en moi par mon baptême et surtout par mon amour pour elle et mon investissement à la construire et à la servir, à l’honorer, tant en moi qu’en chacun de ceux et celles qui en sont membres.
Alors il y a des jours comme aujourd’hui où je suis heureuse de trouver ces mots partagés ci-après, écrits par mon ami Maurice Zundel, prêtre de l’Eglise catholique, en 1954. Impressionnant de modernité pour aujourd’hui … Les écriraient-ils encore ? Je le crois, encore plus même !
Il exprime vigoureusement, mais bien mieux et plus calmement que je ne saurais le faire en ce moment, ce que j’ai à cœur de dire haut et fort, et surtout de vivre haut et fort.
Je pense que quiconque connait les autres écrits de Zundel, son amour et son respect pour l’Eucharistie et les sacrements, comprendra la force et la puissance de ce qu’il dit.
Ne perdons pas de vue que c’est un prêtre engagé dans la foi, un mystique et un théologien qui parle, un prêtre appelé vers la fin de sa vie à prêcher au Vatican par Paul VI, et pas un homme apostasique ou incroyant !
Et il me rappelle que pour vivre cette intensité et cette vérité de vie, je dois plonger dans mon intimité pour rejoindre le coeur de Dieu, dans un coeur à coeur qui n’est que pure intimité en dedans de moi.
Elle est là ma voie, ma voix aussi, et elle sera d’autant plus puissante et forte d’autorité évangélique qu’elle sera enracinée en cette place, cachée au plus profond du cœur. Ce coeur déchiré qui saigne encore, mais ce coeur ouvert qui peut donc accueillir la plénitude d’un Amour.
C’est exactement ce qu’est le Coeur de Jésus auquel nous sommes invités à nous conformer : un coeur ouvert, blessé d’amour, prêt à tout contenir en Lui par Amour, et à le transformer en Vie, en Joie, en Paix, en Justice et en Liberté !
Pas en justice et liberté humaines, mais en Justice et Paix d’une nature divine, qui apportent au cœur la Paix, la Joie et la Vie véritables qui durent pour l’Eternité.
C’est le chemin vers lequel je tends, c’est le chemin que j’espère pour l’Église du Christ, appelée à être Corps universel de Dieu et de l’Humanité toute entière.
Amen
Elisabeth Cécile
Ps. Puisse ce texte de Zundel vous rejoindre 🙏🏼
NOUS AVONS OMIS L’ESSENTIEL ?
« CROIRE EN BLOC ET NE PAS DISCUTER ? » Ça ne veut rien dire. En quoi cela peut-il être fécond pour l’esprit et glorieux pour le Seigneur que je dise : « je n’y comprends rien mais je crois ! » Ça ne sert absolument à rien ! Le Seigneur ne s’amuse pas à nous imposer des rébus indéchiffrables simplement pour montrer qu’il est le plus fort.
Il n’y aurait pas de chose qui puisse davantage déshonorer l’esprit que ce décret-loi divin d’une soi-disant croyance imposée à quelqu’un qui n’y comprend rien.
Nous avons tous appris que le mystère est une chose incompréhensible, mais on a oublié simplement une seule chose dans cette définition, c’est que l’incompréhensible a deux extrémités, l’incompréhensible d’en bas qui fait qu’elle (une chose)
est incompréhensible parce qu’elle est absurde – et alors l’esprit doit la refuser ou chercher à la clarifier – et puis l’incompréhensible d’en haut qui est le terme de toute connaissance déjà humaine : toute intimité humaine est un mystère incompréhensible à elle-même et à n’importe qui, précisément parce qu’elle est d’une telle richesse, d’une telle grandeur, d’une telle plénitude qu’elle dépasse tous les mots et toutes les puissances du discours.
Nous sommes donc souvent devant un Dieu qui est un décret-loi : la croyance est un décret-loi, les sacrements sont une magie qu’il faut observer pour être en règle et , une fois qu’on est en règle, tout est bien, tout est bien ! Tout est bien n’est-ce pas ? Et la morale elle-même, c’est encore une magie : il faut passer par une formule. Passer par un décret-loi d’un Dieu qu’on ne peut pas aimer mais qui est le plus fort, et il faut passer par ses volontés.
Le drame : avons-nous découvert le vrai Christ ? Sommes-nous dans le véritable Evangile ? N’avons-nous pas fait de la Bible une magie en disant : « Voilà le livre ! ». La Bible, une magie, et les sacrements, une autre magie quand nous disons : »Voilà, le Seigneur est là, Christ est là – sur la table ! »
N’avons-nous pas omis l’essentiel, à savoir que Dieu est Esprit et qu’il cherche des adorateurs en esprit et en vérité ? N’avons-nous pas omis l’essentiel en sachant que Dieu est amour et que l’Amour n’a de prise que sur l’amour, à savoir que Dieu est une intimité pure ! Il n’a pas de dehors, il ne peut donc pas nous saisir par le dehors, il est un pur dedans, et il n’y a que notre intimité qui puisse avoir accès la sienne.
Maurice Zundel – Lausanne, 1954 –
Un autre regard sur l’Eucharistie p. 4O et 41- Le Sarment-édition du Jubilé 2001-