« Nous avons à laisser la semence de la grâce pousser en nous pour que notre regard, notre intelligence, notre imagination, notre corps, notre affectivité soient transformés. Nous avons, peu à peu, à apprendre à regarder les autres comme Dieu les regarde. » J.V
« Apprendre à regarder les autres comme Dieu les regarde… » merci Jean Vanier de me rappeler cet essentiel sur lequel j’ai toujours choisi de m’appuyer, mais duquel je m’échappe parfois, surtout quand ces autres appuient sur mes blessures et réveillent tout ce qu’il y a de plus douloureux en moi. Et je me rends compte alors de tout ce qui doit se transformer en moi, dans mon intelligence, dans mon imagination, dans mon corps et dans mon affectivité, et aussi combien je résiste à la grâce car j’ai peur de me perdre, de perdre mon identité en me laissant transformer.
Et c’est là le paradoxe puisqu’au contraire ces transformations auxquelles je suis invitée n’ont d’autre but que de m’emmener vers mon moi véritable !
Il n’est pas si facile de laisser la semence de la grâce se déployer en nous, parce qu’une partie de nous qui n’est pas notre moi véritable mais un moi préfabriqué comme dit mon ami Maurice Zundel, refuse de se laisser émonder et de mourir.
Je me rends compte que c’est ce que vit l’Eglise catholique en s’accrochant de toutes ces forces à des branches que la grâce voudrait transformer.
Mais comment pourrais-je reprocher à l’autre ce que je ne suis pas capable d’accepter et de vivre pour moi-même ? Il y a un tel orgueil en moi à me cramponner à des branches mortes… même si en réalité ce n’est pas de l’orgueil, c’est de la peur, une immense frayeur. Et je me rappelle alors mon professeur d’addictologie qui raconte que les pompiers qui sauvent des gens de la noyade sont souvent obligés de les récupérer accrochés au bout de bois qui leur a sauvé la vie et qu’ils sont incapables de lâcher pour attraper la main qui vient leur prêter secours. Et c’est ce que font aussi mes patients quand ils s’accrochent à leur bouteille, leur joint ou leur cigarette. Et je les accueille cramponnés à leur drôle de bouée de sauvetage.
C’est cela que je dois apprendre à vivre pour moi et dans mon rapport à tous ceux dont je déplore les comportements qui me paraissent absurdes et inadaptés.
Merci Jean Vanier 🙏🏼
Elisabeth Cécile
Nb. Je suis sure que le rappel de cette publication Facebook d’il y a deux ans n’est pas un hasard mais un petit clin d’œil du Ciel 😉❤️