Méditation Poésie Réflexion, Religion catholique

Les lieux de la Parole

Aujourd’hui je suis retournée à la messe après plusieurs mois d’absence… et d’abstinence !

Un désir intérieur qui grandissait depuis quelque temps, ainsi qu’un besoin, spirituel mais aussi physique et psychique, de revenir à un essentiel, une source et un roc, car vivre l’eucharistie, communier au Corps et au Sang du Christ est un moyen de rencontre privilégié, un temps de coeur à coeur avec Dieu rendu plus facile et plus tangible par la grâce de tous les signes célébrés au travers de ce sacrement. Nul doute que cette première fête du « dimanche de la Parole », instituée par le Pape François, a aussi nourri mon désir de me rendre à la messe au petit matin, encore toute ensommeillée, l’esprit et la voix peu clairs ! 😁

La Parole de Dieu tient une grande place dans ma vie, et je m’en nourris quotidiennement, en essayant chaque jour de la laisser résonner en moi lorsque je la lis et je la prie, souvent dans mon lit, au réveil. Je dois dire que je n’ai pas grand mérite et que c’est une grâce qui m’a été donnée il y a quelques années (une bonne dizaine d’années maintenant) de la prière quotidienne, ainsi que le cadeau de recevoir la Parole, quelle que soit sa forme (évangiles, psaumes, ancien testament, homélies) comme une véritable nourriture pour ma vie, un soutien et une présence inestimable.

J’ai fait l’expérience qu’il est possible de rester en relation de proximité avec Dieu sans forcément communier aux espèces ni participer à l’eucharistie dominicale, mais que la continuité et l’intensité de la relation reposait sur ce lien avec la Parole, même si certains jours cette nourriture se limite au simple nom de Jésus (de Marie, de l’Esprit, ou encore de celui du Père) ; parfois juste murmuré dans le silence du coeur, tenant, par moment, plus du gémissement et du balbutiement -voire d’un simple élan-, que d’une énonciation véritable.

D’ailleurs, pour illustrer le mouvement (et le déplacement) que produit en nous la Parole de Dieu, les lectures de ce dimanche ont été proclamées à gauche à l’ambon pour la première lecture, à droite au pupitre de chant pour la seconde, et au centre pour le psaume et l’Evangile. C’était tout simple, mais très « parlant »!

J’ai bien aimé l’homélie, durant laquelle le prêtre nous a évoqué les « modes » de la présence de Jésus-Christ au milieu de nous, nous précisant que nous pouvons les vivre « chez nous » et de manière quotidienne.

1er mode : quand deux ou trois sont réunis « en Son nom », Jésus-Christ est présent au milieu d’eux. Le prêtre a pointé avec justesse que lors des réunions pastorales et des rencontres amicales entre croyants, nous oubliions souvent de faire mémoire de Lui, en début ou en fin de réunion.

Je le rejoins fortement sur ce point, qui est toujours une tristesse pour moi, comme celle d’un ami qu’on oublie. J’ai participé à une réunion à la maison diocésaine de Toulouse cette semaine, pour préparer une soirée de sensibilisation sur la dépendance à l’alcool, et j’ai été surprise que nous ne commencions pas par une courte prière N’étant pas à l’initiative de cette rencontre, je n’ai pas osé pointer ce manque, à tort peut-être.

Évidemment, Dieu est plus grand que notre coeur, et il se fait présent même quand nous oublions de mentionner à voix haute que nous nous rassemblons en Son nom , mais le grand risque est que nous passions à côté de Sa Présence, et de ce qu’Il souhaite nous donner. Que notre œuvre reste à échelle restreinte et produise des fruits médiocres, car non ouverte à la dimension d’un « plus grand et plus vaste que nous ».

2ème mode : Dieu est présent dans la Parole. Là aussi, le prêtre a judicieusement rappelé que de nombreux catholiques sont plus enclins à lire les journaux quotidiens (chez nous c’est La dépêche ou le Petit Journal) et à se nourrir du journal télévisé, que de la lecture des textes proposés jour après jour par la liturgie ! Quel dommage… et surtout quel manquement qui serait facile à réparer, et pourrait porter tant de fruits dans nos vies ! Si je suis capable de consacrer un temps non négligeable aux nouvelles (souvent mauvaises d’ailleurs !), comment ne pourrais-je pas introduire dans mon quotidien un petit temps pour lire une « Bonne Nouvelle », celle de l’Evangile ??? Et comme pour les infos, en choisissant des textes commentés, afin d’éclairer ma lecture et d’aider à la digestion et à l’assimilation de cette nourriture, essentielle à la vie de tout disciple de Jésus-Christ ou de tous ceux et toutes celles qui ont envie de le rencontrer ou de mieux le connaître.

Le prêtre l’a rappelé : comment puis-je annoncer et témoigner de ce que je ne possède pas ? Comment vouloir évangéliser si je ne suis pas nourri d’Evangile, si je ne le vis pas, s’il n’est pas assimilé dans ma vie, ne serait-ce qu’un minimum ? Et là il a fait une comparaison que j’ai trouvé somme toute assez injuste au vu de l’Histoire de l’Eglise : la bible d’un protestant est coincée sous son aisselle et surlignée de partout, tandis que celle d’un catholique prend la poussière sur un meuble (et encore, s’il en possède une!). C’est peut-être vrai (même si c’est caricatural), mais n’oublions pas que pendant des siècles le clergé catholique s’est approprié le monopole de la Parole et que seuls les clercs avaient le droit de la lire, de la commenter et de l’interpréter. Alors ceci explique sûrement cela… on part de très loin, et il est regrettable de penser que l’humain, même bien intentionné, ne peut s’empêcher de s’approprier Dieu, de contrôler et voire même d’empêcher sa propagation et son action jusqu’aux extrémités de la Terre…

3ème mode de la Présence de Jésus-Christ au milieu de nous : l’Eucharistie. Le prêtre n’a pas développé, je ne le ferai pas non plus.

4ème mode : La présence de Jésus-Christ dans le ministre ordonné… Bon là, j’avoue que j’ai pris une profonde inspiration pour faire taire au fond de moi cette petite voix de rébellion qui avait envie de l’ouvrir en grand !!! Cela m’aurait empêché d’apprécier la vérité de ce qu’il exprimait 😁

Je me suis dit que je ne devais pas m’attacher à la forme mais au fond. Et dans le fond c’est une réalité : Jésus-Christ est présent et agit au travers du ministre ordonné, par lui, avec lui et en lui. Tout comme le ministre ordonné est censé agir par Lui, avec Lui et en Lui. Quand le prêtre célèbre les sacrements, ce n’est plus lui qui parle, ni lui qui agit, c’est Dieu qui s’incarne à travers lui. Et c’est tout l’intérêt de vivre les sacrements, quels qu’ils soient, car ils sont un lieu de rencontre particulier avec la Personne réelle et vivante qu’est Jésus-Christ.

Malgré tout, et le prêtre ne l’a malheureusement pas souligné dans son homélie, si « Jésus-Christ est présent dans le ministre ordonné » (Dieu que je n’aime pas cette formulation ! 😬), Il n’efface pas pour autant l’humanité de son ministre, qui peut par moment brouiller Son Image et déformer Sa Parole, voire rendre invisible Sa Présence. Et je crois que je n’ai pas besoin de citer tous les exemples de paroles et comportements des ministres ordonnés qui souvent nous font douter de la réelle présence de Jésus-Christ en eux…

Bien évidemment, je ne développerai pas le fait que c’est une erreur à mes yeux de croire que seul un mâle célibataire a le pouvoir (au sens de capacité, et non d’une puissance ou d’un contrôle quelconque) d’incarner la personne du Christ sur cette terre, et en particulier dans le service des sacrements. Ma conviction profonde est que tout baptisé, homme ou femme, célibataire ou non, peut être appelé à ce ministère sacerdotal, et que Dieu appelle largement qui il veut (tandis que les homme d’Eglise choisissent d’ordonner uniquement des hommes célibataires…) Mais c’est un autre sujet, et je risquerais de m’énerver 🙄😆😆😆)

Quoi qu’il en soit, l’homélie de ce prêtre m’a rejointe et m’a touchée. Pourtant elle m’a laissée un goût d’inachevé, et il m’a semblé qu’il manquait un « mode » essentiel de rencontre avec la Personne du Christ et Sa Présence au milieu de nous. Et, car je crois que Dieu a de l’humour et de la bienveillance, Il nous a été donné un signe clair et très parlant de nous rappeler cet autre mode !

Vers la fin de la communion, un homme s’est approché du choeur, boitant et maugréant entre ses dents, porteur d’un gros sac plastique blanc, sûrement rempli du bazar de sa vie d’égaré (malade ou sans domicile fixe, je n’ai pas réussi à le deviner). C’était ce même homme qui avait fait un peu de remue ménage au début de la consécration, et j’avais observé de nombreuses personnes se retourner avec inquiétude vers le fond de l’Eglise d’où venait le vacarme, qui malgré tout a vite cessé. J’ai appris plus tard qu’il avait déjà perturbé des messes de semaines, obligeant le prêtre à arrêter la célébration pour le mettre dehors.

En tout cas cet homme portait sur lui le désir de communier, cela se voyait dans sa démarche et se lisait sur son visage. Sa détermination et son obstination ont encore été encore plus visibles lorsque le prêtre a refusé de lui remettre l’hostie et qu’il s’est tourné vers l’autre personne qui donnait la communion. Mais là aussi le prêtre est intervenu et a empêché qu’on lui donne la communion.

C’est sur cette image que s’est clôturé le temps de communion : le refus du Pain de Vie à un homme malade, et pourtant, à sa manière, avide de Dieu et de Sa Présence dans l’Eucharistie. Le pauvre hère s’est retrouvé seul en plan dans l’allée centrale, désemparé et désorienté, ne comprenant pas qu’on lui ait refusé de communier. Alors il est reparti comme il était venu, clopin-clopant, avec son gros sac à la main. Il a sûrement rejoint le groupe assis par terre, que j’avais croisé au seuil de l’Eglise en entrant. Mais ils étaient déjà presque tous partis quand je suis sortie à la fin de la messe.

En tout cas, cet événement m’a interpellée et a fait perdre à mes yeux, beaucoup de sa crédibilité l’homélie du prêtre, notamment concernant la présence du Christ dans le ministre ordonné … Comment imaginer une seconde que Jésus ait pu repousser cet homme ? Il me venait à l’esprit l’image des nombreux films sur Jésus de Nazareth, ou l’on voit les pauvres et les boiteux, les malades et les simples d’esprit s’approcher de Jésus, et Lui qui les bénit et les guérit. Ce dont je venais d’être témoin, ressemblait plutôt à un autre passage de l’évangile : « j’étais nu et vous ne m’avez pas vêtu, j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger »…

Alors je crois que notre cher frère et ami prêtre a oublié un mode essentiel de la présence du Christ au milieu de nous, un lieu privilégié où nous sommes invités à le rencontrer : dans le pauvre ou le petit qui vient quémander et qui nous embarrasse, celui que nous avons trop souvent tendance à repousser et à considérer comme indigne de Dieu, voire indigne de nous…

Jésus-Christ est Parole Vivante, Verbe incarné, et nous sommes invités à nous nourrir de cette Parole, à en vivre. Cette Parole ne se résume pas à un livre, si saint soit-il, cette Parole est inscrite dans notre chair à tous (et à toutes!) et Elle nous rejoint et nous parle au quotidien, faisant appel à l’intelligence, tant celle de notre mental que celle de notre cœur.

Puissions-nous ne jamais oublier qu’en Jésus-Christ, la Parole et le Geste ne font qu’un, et que, comme le dit mon ami Maurice Zundel 😍, nous sommes tous et toutes appelés à devenir Sacrement de la Personne de Jésus-Christ ici-bas, c’est à dire à devenir le signe d’une Présence qui « dit ce qu’elle fait et fait ce qu’elle dit », dans chaque acte de la vie quotidienne, et ce jusque dans chaque battement de cœur ou souffle de notre vie.

Amen.

Elisabeth Cécile

Photo : afp.com/Joel Saget 2014

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Développement personnel, Méditation Poésie Réflexion

Le réveil de la blessure…

Il est des choses que l’on sait, mais dont on ne prend pas forcément conscience au moment où on les expérimente.

Il y a deux jours, j’ai vécu une expérience libératrice à laquelle je ne m’attendais pas, et que j’ai envie de partager avec vous.

Comme vous le savez, le départ de mon mari et le divorce en cours me sont extrêmement douloureux, et j’en ressens une détresse inconsolable, un fort sentiment d’abandon, d’injustice ; le tout baigné d’un sentiment de culpabilité, largement nourri par tous ceux et toutes celles qui, en vue de me réconforter et de me faire réagir, n’ont de cesse de me répéter que je n’ai pas le droit de me plaindre, que beaucoup de femmes se retrouvent dans des situations plus dramatiques que la mienne en divorçant : sans revenus ou avec un faible revenu, avec des enfants en bas-âge, sans métier, etc.

Alors il faut quand même que j’arrête de faire ma victime !!! 🙄

Pourtant, même si intellectuellement je conçois tout cela, quelque chose en moi se révolte et ne peut supporter d’entendre de tels arguments, je les trouve inacceptables et j’en souffre profondément.

Je me sens jugée et empêchée de faire le deuil d’un mari avec qui j’ai passé tant d’années, que j’ai aimé, et surtout qui m’aimait, qui prenait soin de moi, me manifestait de la tendresse et s’occupait de tout un tas de choses matérielles, et qui du jour au lendemain décrète qu’il ne m’aime plus et s’en va.

Évidemment tout n’était pas rose entre nous, et il n’était pas l’homme parfait -ni moi la femme parfaite- mais je l’aimais, et j’avais fait le choix (que je refaisais régulièrement) de continuer l’aventure avec lui, malgré l’adversité, car j’espérais en un avenir meilleur. Et de mon côté, je trouvais plus de positif que de négatif à notre histoire, passée et présente.

Pourtant nous eûmes des orages, et avons essuyés plusieurs tempêtes, je dois le reconnaître. Malgré tout je ne me voyais pas quitter le navire, qui me semblait encore pouvoir naviguer longtemps au vu de tout ce que nous avions traversé.

C’est vrai que je ressens une injustice qui me prend au creux de l’estomac, et une douleur inconsolable étreint ma poitrine à chaque fois que j’y pense.

Alors quand mes amis me reprochent de trop souffrir, c’est une douleur qui se rajoute et une révolte qui s’élève.

Il y a deux jours donc, alors que je partageais ceci par écrit à mon amie d’enfance, une évidence s’est faite chair en moi, comme un éclair de génie (!), un lien fort avec une situation similaire vécue après la mort de ma mère, durant toute mon adolescence. Et ce il y a presque 40 ans…

Il me semblait réentendre toutes ces personnes qui ne comprenaient pas pourquoi je souffrais autant de la mort de ma mère, et ce pendant tant d’années, alors que d’autres enfants étaient orphelins de leurs deux parents ou se retrouvaient seuls avec leur père. Moi j’avais la chance de vivre en communauté, d’avoir des mamans de substitution (et en particulier la Vierge Marie, ce qui me hérissait au plus haut point et me mettait dans une colère folle à chaque fois qu’on me disait cela), et d’avoir la foi.

Donc je ne devais pas souffrir à ce point, je n’en n’avais pas le droit.

C’est dur de ne pas être reconnue et entendue dans sa souffrance, comme si elle était illégitime, indigne…

J’avais juste envie et besoin qu’on me comprenne et qu’on me donne le droit d’être malheureuse d’avoir perdu ma maman, de manière brutale, à l’âge de la pré-adolescence, où je commençais à entrer en conflit avec elle, à avoir honte d’elle (je la trouvait rêche et rigide) et où j’étais persuadée qu’elle ne m’aimait pas et préférait mon petit frère. Malgré tout, j’avais conscience que cette maman prenait soin de moi, veillait sur mon quotidien, sur mes devoirs ;!et elle m’éduquait à la dure, mais avec justesse. Elle ne me laissait pas me coucher sur ma colère et m’amenait demander pardon avant d’aller au lit, à ceux avec qui j’avais été capricieuse ou irrespectueuse.

Et lorsqu’elle avait la main trop leste et me giflait de manière injuste, elle me demandait toujours pardon au moment du coucher, et nous nous réconcilions avant que je m’endorme.

Elle était aussi un repère sécurisant au milieu de tous ces frères et sœurs de tous âges et toutes conditions de vie de la communauté religieuse où nous habitions.

Alors quand elle est morte accidentellement un jour de juin, dans des circonstances qui ont fait penser qu’elle souhaitait mourir (mais ce n’était pas le cas, j’en suis convaincue aujourd’hui) je me suis sentie profondément abandonnée, avec cette question sans réponse : « est-ce que tu m’aimais vraiment ? Est-ce que j’étais importante pour toi ? »

J’ai mis des années à répondre à ces questions et à ressentir que ma mère m’aimait réellement… et cela date d’il y a 2 ans à peine, quand j’ai retrouvé par hasard (!) des lettres qu’elle avait écrit à ma grand-mère et à ma tante. La lecture de ces lettres me l’a rendue si vivante d’un coup, si présente et aimante pour mon frère et moi, et pour tous ceux qu’elle croisait. Ce fut un merveilleux cadeau que la trouvaille de cette correspondance.

Malgré tout, la souffrance de son départ brutal, et cette sensation de ne pas être aimée d’elle, mêlée au sentiment d’abandon, a longtemps hanté ma vie.

Alors je réalise aujourd’hui que le départ de mon mari réactive cette blessure que je croyais guérie, et que toute cette souffrance de « surcroît » que je ressens depuis des mois, avec cette culpabilité de trop souffrir, ne vient pas de la femme adulte qui a été quittée par son mari, mais que c’est celle de l’enfant blessée, paniquée de la mort brutale de sa mère et culpabilisée d’avoir trop souffert de son départ.

Et d’un coup ma souffrance s’est allégée et surtout, ma culpabilité s’est envolée. Car je sais que cette jeune Elisabeth avait le droit de souffrir, et j’ai de l’empathie et de la compassion pour cette enfant qui a grandi trop vite, et qui croyait qu’elle seule pouvait sauver le monde qui l’entourait, venir en aide à tous ces adultes immatures et parfois en grande souffrance qui l’entouraient.

Mais pendant ce temps, personne ne prenait soin de sa souffrance à elle, personne ne lui disait qu’elle avait le droit de ne pas souffrir autant, en prenant autant de responsabilités sur ses épaules, qu’elle avait le droit d’être insouciante et que des adultes étaient là pour la protéger et veiller sur elle.

Aujourd’hui je suis capable d’être cette adulte protectrice pour mon enfant intérieure qui souffre encore beaucoup et qui par moment sort de ses gonds avec beaucoup de violence.

Cette enfant qui ne s’aime pas et qui ressent tant de colère et de frustration au fond d’elle, qu’elles envahissent parfois tout l’espace, et prennent le contrôle de ma vie ou de mes comportements.

C’est drôle de se rendre compte que ce que l’on apprend dans les livres ou par l’enseignement des autres arrive en vrai dans sa propre vie.

Derrière une blessure actuelle se cache très souvent une autre blessure non guérie, qui se réactive et prend le dessus sur l’autre.

Je rends grâce à la vie de m’avoir permis de faire ce lien, et j’espère que vous aussi vous saurez faire des ponts entre différents événements de vie et différentes émotions qui sans cesse reviennent bousculer notre mental et notre cœur.

On dit que le coeur a ses raisons que la raison ignore, mais parfois, la lumière surgit et éclaire notre esprit et le chemin devient plus ouvert et plus lumineux devant soi, plus facile.

Elisabeth Cécile

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L’extraordinaire de l’ordinaire

Aujourd’hui c’est mon anniversaire et je fête mes 50 ans ! J’ai choisi de le fêter toute seule, comme un jour ordinaire, afin de savourer l’extraordinaire de l’ordinaire : la joie et le plaisir d’être en vie, de se balader au soleil, de respirer, de regarder des mamans s’occuper de leurs tout-petits, jouant avec eux au ballon ou accompagnant leurs pas explorateurs ; acheter le pain chez mon boulanger d’à côté et faire 3 courses chez l’épicier du coin.

Un jour tout simple et pourtant rempli de petits bonheurs, de petites joies, et porteur de promesse (mon dossier de financement pour ma reconversion professionnelle passait en commission aujourd’hui même).

Un jour à vivre non comme s’il était le dernier ou le premier, mais comme un jour unique, de l’émerveillement d’être en vie et de sentir la vie qui existe en soi, sans qu’il y ait besoin de quoi que ce soit d’extraordinaire, seule avec moi-même et retrouvant le plaisir d’apprendre et de chanter, d’abord pour moi, sans pression, par défi personnel, mais néanmoins avec l’idée de partager et de redonner ensuite.

Un jour tout simple mais précieux, où je suis heureuse d’avoir décommandé tous les projets de cette journée et des jours prochains, juste pour prendre du temps pour moi et avec moi, pour contacter ce qui fait sens à mon coeur, ce qui a du prix à mes yeux, ce et ceux dont j’ai besoin pour me sentir bien.

Je m’étais éparpillée ces derniers temps, prisonnière de ce que les autres souhaitent et désirent (tant pour eux que pour moi), et ce d’autant plus facilement que je n’arrive pas à ressentir mes envies ni à trouver de l’élan dans ce long temps de jachère personnelle.

Alors je suis heureuse de goûter aujourd’hui juste la joie d’être en vie et d’être venue au monde. Heureuse non pas de tout ce que j’ai pu accomplir de bien durant ces 50 années sur cette terre, mais heureuse juste d’aujourd’hui, heureuse de l’instant magique qui ne reviendra pas et crée du neuf à chaque seconde.

Voilà, c’est ma pépite de la journée, comme un trésor caché que j’avais besoin de retrouver et qui n’en finit pas de se laisser trouver.

C’est subtil, comme un rire d’enfant, un chant d’oiseau, un murmure de vent ou un instant de paix. C’est éphémère et fragile, mais tellement plus puissant que tout se qui dure sans bouger et finalement se sclérose et meurt.

La vie est mouvement, et chaque seconde elle nous transforme et nous recrée, dans un sourire, un battement de cils ou de coeur, parfois d’un coup de burin qui peut paraître chagrin, mais qui toujours au final, cherche à sculpter en nous le meilleur du bien, du beau et du vrai, présents en chacun et chacune.

Puissions-nous laisser la vie honorer la vie en nous à travers les choses simples mais extraordinaires de l’ordinaire 😊

Joyeux anniversaire Elisabeth Cécile, il est heureux que tu sois !!!

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Vœux 2020

Il paraît que les grandes douleurs sont muettes… ainsi est-ce sûrement pour cela que je n’ai pas réussi à écrire sur ce blog depuis des mois. Peut-être aussi parce qu’il faut du temps et du recul pour méditer et retenir tous ces événements dans son coeur…

2019 aura été pour moi une année de profondes blessures et de grandes incompréhensions, tant sur le plan de ma vie conjugale et familiale, que sur le plan de ma vie de catholique pratiquante. Je ne suis pas certaine d’avoir réussi à dépasser la colère et la révolte engendrées par le départ de mon mari l’année de nos 25 ans de mariage, ni le désespoir suscité par la perte de nombreux repères sur lesquels s’étaient construits ma vie, notamment concernant ma foi en Jésus-Christ, et en particulier ma foi en l’Eglise catholique.

Certains faits me sont encore inacceptables émotionnellement et charnellement, même si mon esprit commence à les concevoir et à envisager qu’ils sont indéniables et définitifs. Il faut du temps, et beaucoup d’amour aussi je crois, pour recevoir ce qui nous transperce et remet en question des fondements qu’on pensait inébranlables. Il faut du temps pour mourir à qui l’on était, et accepter de renaître. Hors l’amour est comme un ruisseau qui grossit petit à petit, un arbre qui grandit, une fleur qui s’épanouit… Il trace sa route lentement, sinueusement et silencieusement, sans toujours respecter le chemin qu’on voudrait lui voir emprunter. L’amour se construit et s’apprend, il se pratique jour après jour, sans relâche. Et comme toute pratique, il comporte son lot d’essais et d’erreurs, d’avancées fulgurantes mais également de reculs maladroits, de ratés humiliants, de palliers incompréhensibles et de progrès invisibles.

Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir, et par moments il me fait peur, voire me semble inexistant. Mais ce que j’ai envie de vous partager aujourd’hui, c’est que je garde au fond de moi une inaltérable espérance ; d’une flamme parfois si infime que les tempêtes intérieures qui m’agitent me semblent la faire vaciller jusqu’à l’éteindre complètement. Pourtant, elle résiste et se rallume inlassablement, sous la poussée d’un flot de vie dont je n’ai moi-même pas toujours conscience, mais qui me traverse et m’habite, et est à mes yeux du domaine de la grâce et du don. Cette vie qui me traverse, cette lumière qui me transperce et me relève, sans jamais se lasser de mes chutes ni de mes plongées abyssales, je vois bien qu’elle me dépasse et qu’elle m’est donnée, même lorsque je me sens démunie pour l’accueillir et la laisser me transformer.

C’est une aventure intérieure qu’il m’est donnée de vivre, une gestation dont je ne connais ni la durée, ni la nature et encore moins l’aboutissement, mais qui je le pressens, fera de moi un nouvel être, plus abouti, plus mature et plus sage, plus fragile et conscient de ses failles, plus acceptant de ses défauts, mais à la fois mystérieusement plus fort.

Alors c’est riche de cette nouvelle expérience que j’ai envie de vous souhaiter à tous et toutes, une très belle année 2020 !

Elisabeth Cécile

“Que le Seigneur te bénisse et te garde !

Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce !

Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !”

Du livre des Nombres, au chapitre 6, versets 24 à 26

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